Telesur
Petro a démonté le récit américain de lutte contre le trafic de drogue et a demandé l'ouverture d'une procédure pénale contre Donald Trump et les fonctionnaires qui ont ordonné d'attaquer des bateaux dans la mer des Caraïbes.
Le président de la Colombie, Gustavo Petro, a prononcé un discours vigoureux dans lequel il a démonté le récit états-unien sur la lutte contre le trafic de stupéfiants, affirmant que celui-ci a pour objectif d'assujettir les peuples d'Amérique latine. « La politique antidrogue n'a pas pour but d'arrêter la cocaïne qui arrive aux États-Unis ; la politique antidrogue vise à dominer les peuples du Sud en général », a déclaré le mandataire lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Au cours de son intervention, le dignitaire a demandé l'ouverture de poursuites judiciaires contre Donald Trump et les fonctionnaires états-uniens qui ont ordonné les assassinats de jeunes gens se trouvant à bord d'embarcations dans la mer des Caraïbes, dans le cadre d'un déploiement militaire censé lutter contre le narcotrafic.
Gustavo Petro a souligné que « ces jeunes n'étaient pas des trafiquants de drogue, mais de simples jeunes Latinos-Américains pauvres sans alternative. Les narcotrafiquants, eux, vivent ailleurs, et non en Amérique latine ». En contrepoint de ces actions qui violent le droit international, et en référence à la récente décertification de la Colombie, Petro a fait valoir que les années 2023 et 2024 - sous sa présidence - ont été marquées par les saisies de cocaïne les plus importantes. Il a en outre précisé que plus de 700 barons de la drogue avaient été extradés vers l'Europe et les États-Unis.
« La cocaïne a été saisie par mon gouvernement, et nous n'avons tiré aucun missile, nous n'avons assassiné aucun jeune », a-t-il déclaré. Le chef de l'État colombien a rejeté l'idée que « les missiles dans les Caraïbes visaient à intercepter la drogue ». « C'est un mensonge », a-t-il insisté.
À cet égard, il a martelé : « J'ignore si Trump sait que sa politique étrangère à l'égard de la Colombie, du Venezuela et des Caraïbes est conseillée par des Colombiens alliés politiques de la mafia de la cocaïne. J'ai moi-même nommément dénoncé ces hommes politiques liés au paramilitarisme narcotrafiquant ».
Il a poursuivi en affirmant : « Je m'exprime devant vous en tant que président décertifié par le président Trump lui-même. Il entend contraindre des dizaines de milliers de paysans depuis le gouvernement des États-Unis, lequel est sous l'influence de politiciens colombiens corrompus et mafieux ».
Des centaines de paysans ont été massacrés, comme on massacre les enfants à Gaza, a averti Petro, en rappelant que les massacres ont été perpétrés en Colombie par des politiciens ayant des charges de sénateurs, présidents, ministres liés et soudoyés par la mafia colombienne ainsi que leurs alliés de l'extrême droite en Floride, aux Etats-Unis et, maintenant, au gouvernement de Trump.
Le mandataire a vivement attaqué son homologue américain, alors que des fonctionnaires de la Maison Blanche quittaient la session en signe de protestation : « Trump ne se contente pas de laisser tomber des missiles sur les jeunes des Caraïbes. Il ne se contente pas d'emprisonner et d'enchaîner les migrants, mais il permet que soient lancés des missiles contre des enfants, des jeunes, des femmes et des vieux à Gaza. Il se rend complice d'un génocide parce que c'est un génocide et il faut le crier encore et encore. »
Face à cela, Petro a condamné la complicité de la communauté internationale : « Cette enceinte est le témoin muet et complice d'un génocide dans le monde d'aujourd'hui, alors que nous croyions que c'était l'apanage de Hitler. Trump ne parle pas de démocratie, il ne parle pas de crise climatique, il ne parle pas de vie, il ne fait que menacer et tuer et laisser tuer des dizaines de milliers de personnes. »
Colombie et lutte contre le trafic de drogue
Par ailleurs, le dignitaire colombien a mis en avant sa politique de substitution volontaire des cultures de feuille de coca et l'a contrastée avec les mesures des gouvernements précédents qui cherchaient à « l'éradiquer de force avec du glyphosate et par la force contre les paysans ».
« J'ai changé la guerre contre les drogues, violente et ratée, par la politique anti-trafic de drogue. Ce qui est différent (...) La politique antidrogue n'est pas pour contrôler la drogue qui arrive aux États-Unis. Regardez le pouvoir et la domination », a précisé le mandataire.
Selon le chef de l'État, son gouvernement, décertifié par les États-Unis, a réussi à réduire de 40 % le taux de croissance des cultures de feuille de coca, par rapport au gouvernement précédent d'Iván Duque, à qui la certification n'a jamais été retirée parce qu'« il avait un financeur narcotrafiquant dans sa campagne ».
En affirmant que « la politique antidrogue n'est pas pour la santé publique de la société mais pour la politique du pouvoir », Petro a insisté sur le fait que les États-Unis « ne veulent pas que la lumière soit faite en Amérique latine et que revienne l'heure des peuples. »
Le Fentanyl
Gustavo Petro a en outre indiqué que les cartels et les groupes criminels passent des accords avec l'Administration de Contrôle des Drogues (DEA) des États-Unis, pour trafiquer en Afrique, en Europe, en Russie ou en Chine, mais pas dans le pays nordique. Le chef de l'État colombien a alerté que les consommateurs américains sont passés à « la drogue mortelle de l'humanité en temps d'extinction : le fentanyl ».
« Le fentanyl est produit dans l'appareil industriel des États-Unis », a précisé Petro. « La consommation propre américaine qui engendre le pire de ce que l'on a pu comprendre de la drogue dans l'histoire de l'humanité » a-t-il souligné.
« L'Amérique latine n'est pas que coca ou terroristes ou narcotrafiquants », a-t-il affirmé, tout en mettant en avant les potentialités naturelles et industrielles de la région.
De même, il a remercié les pays qui ont aidé à faire avancer les négociations pour les accords de paix : le Qatar, Cuba, le Mexique, l'État du Vatican, la Norvège, le Brésil et le Venezuela.
Source : Telesur
Traduction : Le Grand Soir.